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Nous n’avons rien à envier aux Pascuans, aux Sumériens ou aux Mayas

, 12:44 - Lien permanent

Depuis l'aube de l'humanité, les groupes humains s’organisent en structures pyramidales hiérarchisées.

Au sommet, le chef, élu ou imposé.  A la base, la population, les administrés, les exécutants. Entre les deux, des hiérarchies intermédiaires structurent le groupe: le pouvoir se délègue en de multiples entités de plus en plus spécialisées, par strates successives, jusqu’à la fonctionnalité espérée pour le système. 

En dehors de la transmission du pouvoir, la mission des hiérarchies intermédiaires est de générer, d’orienter et de filtrer des flux d’informations du sommet vers la base et de la base vers le sommet. Ces flux sont essentiels pour le bon fonctionnement du groupe. Ils transmettent notamment, de la tête vers les administrés, les décisions, les objectifs communs, la raison du pouvoir, et, dans l’autre sens, les différents indicateurs économiques, sociologiques, environnementaux, etc. , ainsi que les doléances de la base. L’efficacité d’un collectif n’est pas tant définie par sa structure hiérarchique, que par la qualité des tuyaux et surtout la qualité  des fluides qui la parcourent. 

Si le modèle pyramidal semble fonctionner pour de petites entités, c’est parce que le sommet, tout en déléguant ses pouvoirs, peut posséder une vision d’ensemble de toutes les composantes du système jusqu’à la base incluse, et ainsi orienter ses choix. De même  pour la base, la visibilité du pouvoir établit des liens de confiance et des protocoles de communication rapides sur un nombre limité de strates. Le groupe est réactif et suit rapidement l’évolution de son contexte.

A l’inverse, les grands groupes humains sont en échec sur une organisation pyramidale: grands groupes = grands territoires = grandes infrastructures : le nombre de strates hiérarchiques augmente. Le transfert des informations entre base et sommet se complexifie et donc ralentit, créant une diminution de l’interaction globale dans le groupe. Cette lenteur administrative empèche la réactivité nécessaire à l’évolution de tout système. Par ailleurs, à chaque nouvelle étape du transfert, la transcription bureaucratique de l’information modifie la nature des messages à transmettre.

La taille de l'entité, c'est-à-dire le nombre et la complexité des hiérarchies intermédiaires semble donc faire échec à la bonne transmission bidirectionnelle de l’information, à la fois en vitesse et en validité de contenu.  

Observons maintenant la tendance actuelle dans le monde: assistons-nous à l'accentuation de la centralisation et de la  pyramidalisation ou au contraire voyons-nous les prémices de l'éclatement et de l'autonomisation ?

-l’économie mondiale est un système de plus en plus centralisé autour des grands aiguillages des flux financiers, avec un nombre très limité de grands acteurs.

-l’industrie est centralisée autour des grands producteurs de matières premières et d’énergie, autour de la main d’oeuvre malléable et à bas coût. 

-l’agriculture et l'alimentation des masses n’ont jamais été aussi centralisés dans des grandes zones de production de masse, et sont totalement dépendants du pétrole.

-les grands continents construisent depuis la fin de la deuxième guerre mondiale de super entités économiques, politiques et industrielles: l’Europe, les deux Amériques, la Russie, l’Inde ou la Chine, dans lesquelles le pouvoir réel échappe totalement aux citoyens, mais se voit confié au secteur financier.

- seul le savoir résiste à cette concentration, car il dépend de milliards de sources désormais accessibles par la grande majorité de la planète, pour l’instant avec peu de possibilité de filtrage ou de censure: Internet.

Lorsqu'on observe la chute des grandes civilisations au cours des 5000 dernières années, on constate notamment que le modèle pyramidal a échoué par trop grande dilution du pouvoir dans les hiérarchies intermédiaires, par manque de réactivité aux événements du contexte, mais surtout par aveuglement sur les différents indicateurs du système notamment les indicateurs de ressources, indicateurs technologiques, sociologiques et environnementaux. 

Nous vivons actuellement deux contextes nouveaux, la sortie définitive du pétrole et les changements climatiques, qui nécessitent une conscience des bouleversements à effectuer pour survivre à ces chocs. Dirigeants et administrés doivent définir les stratégies à suivre, sans tarder, car aucune solution n'est effective sur un court terme. C'est un bouleversement total de l'économie actuelle que nous devons initier au plus tôt si l'on veut éviter le genre de troubles qu'ont subi les civilisations ayant chuté brutalement.

Regardons maintenant les programmes politiques des élus et des candidats à diverses élections majeures dans le monde. Lesquels ont le courage de proposer des politiques à long terme prenant en compte cette disparition ? quasiment aucun à part les partis ayant conscience de l'environnement. Font-ils semblant d'ignorer la réalité, ou sont-ils abusés par de mauvais flux d'information ?

Nous n’avons rien à envier aux Pascuans, aux Sumériens ou aux Mayas qui ont ignoré jusqu'au bout qu'ils étaient en train de saper leur propres fondations. Nous vivons dans le même aveuglement. Nos chefs en tête de cortège. A nous de faire remonter l'information. A nous de commencer les transitions nécessaires à notre niveau pour créer notre indépendance. Nous devons imaginer des solutions dans lesquelles nous serons co-décisionnaires à tout instant.

(billet en cours de rédaction et de modification)